« Aliment naturel », « qualité consommation humaine »... Comprendre les allégations des industriels sur les étiquettes de croquettes ou de pâtée
Si vous lisez sur un produit « contient des aliments qualité consommation humaine », ce n'est pas vraiment un mensonge, mais c’est en revanche clairement un abus de langage. Explications !
Depuis 1996 et la crise de la vache folle, ou encore avec le scandale Spanghero de 2012 (la fameuse « viande de cheval »), les législateurs européens ont décidé de protéger encore plus la population humaine et leurs animaux de compagnie, en traçant l’origine des viandes en fonction de la qualité sanitaire des animaux.
Cela a donné l’apparition de trois catégories traitées différemment dans des filières spécialisées, ainsi qu’une supplémentaire destinée uniquement à l’homme :
- Catégorie 1 : Toutes les bêtes mortes dans les champs ou récupérées mortes par des gardes forestiers. Elles sont collectées par des sociétés spécialisées dans un circuit indépendant. Ces animaux sont traités dans des fours pour être transformés en poudre et incinérés. Ces viandes disparaissent de la chaîne alimentaire animale et végétale : elles ne sont pas du tout utilisés.
- Catégorie 2 : cette catégorie concerne 2 types d’animaux :
→ ceux qui partent vivants à l’équarrissage mais qui arrivent morts ou malades
→ ceux qui arrivent en bonne santé sanitaire mais qui présentent sur une partie de la carcasse un problème que le préposé vétérinaire décide de retirer de la chaîne alimentaire humaine (foie malade, abcès sur un muscle).
Ces produits sont collectés par un organisme spécial qui les réduit à l’état de poudre et les utilise sous forme d’engrais pour l’agriculture.
- Catégorie 3 : elle concerne tous les produits issus d’un abattoir et déclarés sains pour la consommation humaine et susceptibles d’être vendus en l’état, soit directement au public (boucher), soit à des transformateurs (charcutiers industriels). Parmi ces produits destinés à l’alimentation humaine, certains ne sont pas consommés par l’homme (pour des raisons culturelles, de goût ou de saisonnalité : comme nos fameux cous de poulet ou cœur de bœuf).
Ce sont les produits issus de cette dernière catégorie qui peuvent être valorisés pour l'alimentation de nos animaux au lieu d'être jetés. Pour obtenir la catégorie 3, on a éliminé les bêtes mortes, les bêtes malades, les parties d’animaux écartées par les services vétérinaires et tous les produits consommés par l’homme.
Proclamer que les aliments pour animaux sont réalisés à partir de produits de qualité “consommation humaine” est un abus de langage réglementaire puisque, en principe, ils le sont tous au départ, puis, sont sortis du circuit de l’alimentation humaine pour passer en catégorie 3, à partir de ce moment là, ils ne peuvent plus jamais revenir dans la catégorie humaine.
Sur le principe, il n’est pas faux de dire que la catégorie 3 est en fait à l’origine une qualité humaine, mais il est fallacieux de positionner cet argument marketing pour vendre plus de produits qui sont juste « standards » dans le seul but de réaliser des marges plus importantes.
Compositions de croquettes ou pâtée pour chien chien et chat : petit lexique
- « viande ou viandes » : employés que si la matière utilisée est du muscle squelettique.
- « frais » : qualifiant les matières premières utilisées, ne doit être employé que dans l’hypothèse où les matières ont été maintenues à température positive et entrent à l’état de frais dans le processus de fabrication du produit. Ce terme n’est pas admis en cas de traitements tels que cuisson, déshydratation, congélation, hydrolyse, stérilisation ou similaires, ou d’ajout de sels, d’agents de fumage, de conservateurs chimiques naturels ou synthétiques, ou tout autre aide auxiliaire.
- « naturel » : peut être employé uniquement pour décrire une substance (issue de plantes ou d’animaux, micro-organisme, minéraux) à laquelle rien n’a été ajoutée, mais qui peut avoir été l’objet d’un traitement physique rendant possible son utilisation en petfood, tout en maintenant sa composition d’origine.
L’allégation, comme par exemple « produit/fabriqué/formulé avec des composants naturels » peut être utilisée dès lors que la liste de composition, identifiant les substances naturelles, est mise à disposition du public, par tout moyen.
→ Exemples de traitements acceptables (pour autant que la composition naturelle soit conservée) : congélation, concentration, extractions (sans agent chimique), séchage, fumage (sans agent chimique), pasteurisation, extrusion, broyage…
→ Exemples de traitements inacceptables : décoloration, oxydation par agents chimiques, traitement chimique, modification génétique…
Le terme « naturel » ne peut s’appliquer à un aliment que si la totalité des substances utilisées sont naturelles, selon la définition donnée ci-dessus. Si l’aliment n’est formulé qu’avec des substances naturelles, mais complémenté avec des vitamines et minéraux qui ne le sont pas, l’allégation par exemple « produit X préparé à l’extrait naturel de plantes » est acceptable.
Pour résumer le tout ? Même si même son utilisation est réglementée, ce terme ne veut quasiment rien dire ! Surtout quand on parle d’aliments “ultra-transformés”, comme des croquettes ou de la pâtée.
- « morceaux » : ne s’applique qu’aux fragments naturels. Les éléments reconstitués sont qualifiés de « boulettes, en sauce, en gelée ou en pâtée, d’émincés, de bouchées…»
Le rapport entre lexique et quantités présentes dans la composition, un exemple !
- « au goût de poulet », « aromatisé au poulet », « contient du poulet » : votre produit contient entre 0 et 4% de poulet
- « au poulet » : le produit en contient 4 à 14 %
- « riche en poulet », « recette au poulet » : le produit contient entre 14 et 26% de poulet
- « tout poulet » (en viande, hors additif et jus): 100% de poulet dans le produit !
En résumé, tout repose sur la volonté des industriels du petfood de mettre en avant la transparence de leurs compositions pour susciter la confiance du public, et à ce sujet : il y a encore du boulot !
Mais aussi sur l'oeil désormais de plus en plus averti du consommateur qui s’intéresse à l’analyse les étiquettes. Au besoin, n'hésitez pas à vous faire conseiller par votre vétérinaire.