Comment identifier la source d’une allergie alimentaire chez le chien ?
Il existe différentes manières de déterminer l’origine d’une allergie alimentaire. Outre les tests d’allergie, il y a les régimes d’éviction ménager et d’éviction industriel.
Le régime d’éviction ménager
Chez l’Homme comme chez l’animal, poser le diagnostic d’une allergie alimentaire repose sur la réalisation d’un régime d’éviction sous forme le plus souvent pour les chiens et les chats de ration ménagère aménagée. Le tout suivi d’une épreuve dite de « provocation » afin d’identifier précisément les allergènes responsables.
Cette méthode permet d'écarter les « faux » allergiques alimentaires qui auraient pu s'améliorer sous régime grâce à un autre facteur (temps, changement d'environnement, traitements associés) et faire une rechute au moment de la provocation indépendamment de celle-ci. Cela permet également de prévenir l'effet « placebo » du changement alimentaire.
Le principe du régime d’éviction est de nourrir l’animal avec des aliments qu’il n’a jamais consommés et uniquement avec ceux-ci : ces aliments sont dit « naïfs ». S’il ne les a jamais consommés, il ne peut pas y être allergique.
Les avantages de ce régime sont qu’il est facile à adapter à un animal en fonction de son historique alimentaire, puisque les choix de la source de protéine et de la source de glucide sont indépendants. Sa composition est totalement maîtrisée, souvent bien plus digeste que les aliments industriels et sa préparation journalière lui permet de ne pas contenir d’additifs et d’être renforcée en anti-inflammatoires sous la forme par exemple d’oméga 3.
Les principaux aliments recommandés chez le chien sont : le canard, le poisson, le lapin, le gibier, l’autruche, le cheval, le porc, le riz, la pomme de terre, la patate douce, voire l’agneau. Afin d’éviter les réactions croisées entre aliments provenant d'une même famille et/ou d'espèces proches, il est toujours mieux de privilégier des sources de protéines et de glucides d’une famille différente de celles qui ont déjà été consommées. Par exemple, mieux vaut éviter de donner un régime d’éviction avec du canard si le chien a déjà mangé du poulet.
Pour la mise en place de ce genre de régime, il faut prendre le temps de faire un historique alimentaire de l’animal poussé avec le vétérinaire traitant afin de choisir les bons aliments pour le régime d'éviction.
Pour être efficace, un régime d’éviction doit être suivi à la lettre et sur la durée (5 semaines minimum), et tout aliment en dehors (friandises comprises) étant à exclure totalement de l’alimentation du chien.
Le régime d’éviction industriel
Si la mise en place d’une ration ménagère dans le cadre d’un régime d’éviction n’est pas possible pour les maîtres, des aliments industriels spécialisés existent. Les aliments industriels spécialisés de type croquettes hypoallergéniques contiennent le plus souvent des protéines modifiées, celles-ci sont « pré-découpées » pour ainsi être plus petites et donc passer plus facilement inaperçus face au système immunitaire. Ce sont des hydrolysats de protéines.
Il reste cependant toujours un risque de contamination croisée avec ce genre d’aliment vu que les croquettes sont préparées dans des usines, préparant aussi d’autres aliments. Dans des études réalisées sur quatre aliments hypoallergéniques au gibier utilisés pour les régimes d’éviction, il a été trouvée la présence d’allergènes de bœuf et de soja alors que ces aliments n’étaient pas indiqués dans les ingrédients. De plus, les facteurs d’appétence utilisés dans les aliments industriels contiennent eux des protéines diverses, le plus souvent non indiquées, qui peuvent rendre l’aliment totalement inefficace dans le cadre d’un régime d’éviction. Mieux vaut donc ne pas baisser les bras lors d’un premier échec mais persévérer et tester plusieurs références très différentes ! Surtout vu l’offre immense du marché.
La fiabilité des tests dans les allergies alimentaires
La mise en place d’un régime d’éviction doit durer au moins 8 à 12 semaines (le plus souvent sous la forme de rations ménagères), et s’accompagne de contraintes fortes qui peuvent parfois décourager certains propriétaires.
Certains laboratoires se vantent de proposer des tests d’allergie alimentaire réalisés à partir de prises de sang permettant de mesurer les taux d’anticorps répondant ou non à certains allergènes. L’ensemble étant basé uniquement sur leur propre expérience sur le sujet et des tests existants chez les humains. Une quinzaine d’études se sont intéressées à ce genre de tests chez le chien ainsi que chez le chat en 2016.
L’ensemble des résultats ont démontré une faible fiabilité de ce genre de tests, des chiens sains étant même considérés comme allergiques. Le tout étant lié notamment aux différents types d’hypersensibilité existants. La précision de ce genre de tests varie énormément, trop pour pouvoir être considérés comme utiles ou fiables.
Certains laboratoires commercialisent des tests à plus d’une centaine d’euros et ceux-ci n’ont aucune valeur diagnostique, puisqu’ils se basent sur des analyses de poils, de salive voire de selles. Ils ne présentent aucun intérêt. Les résultats ne sont ni fondés, ni exploitables.
Un résultat positif avec ce genre de test ne devrait pas être utilisé pour choisir un régime particulier pour son animal. Seule la réponse à un régime hypoallergénique mono-protéique puis à des provocations (réintroduction progressive d'aliments) permet d'identifier les aliments responsables. L’allergie alimentaire reste une une maladie difficile dans les faits à diagnostiquer qui touche un nombre limité d’individus : moins de 10 % des chiens seraient allergiques à un seul ingrédient.
A l’heure actuelle, sauf dans certains centres très spécialisés, les tests d’allergie n’ont pas leur place dans la démarche diagnostique de l’allergie alimentaire chez le chien et le chat. Faute d’une législation sur la biologie vétérinaire, de telles pratiques sont permises. Ce n’est pas parce que le tout est proposé par un laboratoire qu’il faut avoir confiance ! Prenez toujours en compte l’expertise de professionnels vétérinaires spécialisés : c’est leur métier.