Solutions pour faire manger un chat difficile
Avant tout, rappelons-nous que les chats sont des grands sensibles, très attachés à leurs rituels et à leurs petites habitudes. Sauf quelques rares exceptions, la moindre perturbation, même infime, de leur environnement quotidien, peut leur couper l'appétit ou au contraire les pousser à manger plus pour se détendre.
L'environnement psychologique, affectif et matériel du chat conditionne donc fortement sa prise alimentaire. Wolter (1982) mentionne divers facteurs susceptibles de modifier le comportement alimentaire : une tension entre les membres de la famille, un changement de luminosité, un bruit soudain, une nouvelle odeur du produit servant à nettoyer la gamelle, l’arrivée d’étrangers, etc. La qualité de l'aliment n'est alors pas en cause. Les chats ont besoin de se sentir en sécurité dans leur environnement et savoir qu'ils y ont des cachettes pour être à l'aise.
Être attentif aux odeurs
Il vaut mieux éviter les gamelles en plastique ou sales, qui conservent facilement les mauvaises odeurs et, en ce qui concerne le plastique, peuvent même générer des allergies. Mieux vaut privilégier des gamelles plates ne retenant pas les odeurs et laver régulièrement (tous les jours) comme en céramique ou en inox. Une simple assiette est souvent The gamelle parfaite !
Être attentif à la température
Les chats préfèrent les aliments à température ambiante ou proches de la température corporelle (aux alentours de 40 °C). Le réchauffement facilite en effet la volatilisation des composés aromatiques et s’approche de la température des proies. En pratique, passer l’aliment de 20 à 40 °C peut faire augmenter la consommation de nourriture de 80 %. La préhension et la mastication entraînent aussi naturellement un réchauffage de l’aliment. Attention donc à la faible appétence que pourrait avoir une barquette tout droit sortie du réfrigérateur !
Attention à la texture et aux formes !
Élément très important et trop souvent négligé : la texture détermine beaucoup la prise alimentaire.
- les produits émincés sont consommés rapidement, sans interruption, en mode « aspirateur ». Pas forcément l'idéal.
- les produits en gelée au contraire, poussent les chats à ingérer de gros morceaux, qu'ils doivent prendre le temps de mâcher. Or, un temps de mastication plus long améliore souvent la digestion !
Les chats préfèrent souvent les aliments situés aux extrêmes en terme d’humidité (soit très sec < à 10 %, soit très humides > à 70 %).
La forme de l'aliment servi facilite aussi plus ou moins sa préhension. On recommande de faire de petits monticules séparés les uns des autres qu'un seul tas homogène et lisse. Aussi, dans un souci de confort du chat, on évitera les petites gamelles, afin que les moustaches ne soient pas en contact avec l'aliment ou le bord de la gamelle.
Si vous avez un chat néophile...
Beaucoup de chats se méfient de l'odeur des aliments nouveaux, qu'ils ne connaissent pas par définition, quitte à opter pour la grève de la faim. Si vous introduisez un nouvel aliment, pensez à le mélanger quelques temps avec l'ancien.
Mais il existe aussi des chats qui apprécient la nouveauté ! Dans ce cas-là, un changement d’aliment peut s’accompagner d’une suralimentation temporaire après introduction du nouveau régime. Dans le premier mois, le chat peut manger jusqu’à 100 kcal/ kg. Puis l’effet se dissipe et la consommation se stabilise autour de 60 kcal/kg après deux mois (Nguyen et coll, 1999). Il est donc important qu’après avoir changé l’alimentation de leur chat, les propriétaires mesurent la quantité de nourriture consommée pour contrôler que l’apport calorique est adéquat.
Un propriétaire peut choisir de ne pas tenir compte de cette tendance naturelle à la néophilie et de donner toujours le même aliment à son chat. Il est cependant possible qu’il observe alors un phénomène de lassitude, associé à une diminution de l’appétence (même si l’aliment est complet et bien équilibré). Ce comportement rappelle l’état de « satiété orale » constaté chez l’homme (manger trop souvent du chocolat ou des huîtres peut en diminuer l'attrait).
En résumé, il y a 2 types de chats : ceux qui se jettent sur les nouveautés à manger et s’en lassent au bout de quelques jours, et ceux qui n’y toucheront jamais. Tout reste une histoire de contexte et d’aliments !
Même la disposition est importante !
Attention aussi à la disposition des gamelles, mieux vaut mettre celles-ci à distance du lieu de repos et des litières. Le chat raisonne en effet en « aire de de vies » souvent bien délimitées. Si vous avez plusieurs chats ? Prévoir plusieurs gamelles et aire de nourrissage peut être une bonne solution pour limiter tout stress de la vie en communauté.
Le saviez-vous ?
Le chat ne miaule qu’en s’adressant à l’homme. A part des roucoulements de jeux, bruits de protestations ou feulements de colère, le chat ne communique pas avec les autres animaux de la même façon. Du coup, il en use et en abuse, en particulier pour obtenir sa nourriture. Cependant attention à ne pas céder trop facilement : la plupart du temps ces miaulement ne correspondent pas vraiment à un « besoin » de nourriture mais plutôt à celui d’attention ou d’échanges positifs par le contact, le jeu, ou tout simplement le moment du repas, considéré comme agréable.
Après avoir mangé, la plupart des chats se toilettent, quelle que soit l’appétence de l’aliment. Ceci est considéré comme un réflexe neurophysiologique inné car l’alimentation par sonde gastrique entraîne le même comportement.
Les chats préfèrent souvent manger un nouvel aliment plutôt qu’un aliment familier. Leur attrait pour le nouvel aliment durant plus ou moins longtemps en fonction de l’appétence de celui-ci. « L’effet nouveauté » dure souvent seulement quelques jours (rarement plus de 5 à 6 jours), après quoi la préférence alimentaire se stabilise. A la maison, les changements alimentaires réguliers pratiqués par beaucoup de propriétaires entraînent l’augmentation de la consommation par le chat, celle-ci étant favorisée par le renouvellement et l’alternance des régimes (Rabot, 1994). Ce phénomène est appelé métaphilie (du grec, meta: « transformation ») et correspond à l’effet produit par le régime “cafétéria”.
Les chats gourmands : une légende ?
Pas du tout ! Des chats qui ne se posent jamais de questions devant leur gamelle, mange de tout du jour au lendemain, cela existe... mais cela pose d'autres problèmes, comme la gloutonnerie et le risque d'obésité ! Néanmoins, les humains qui les côtoient sont rares et chanceux.
Chaque chat est différent. Chacun a une histoire, un passé personnel, un cadre de vie et l’alimentation étant chaton laisse elle aussi une empreinte très forte. C'est notre rôle, en tant que propriétaires, de comprendre leurs besoins et de nous adapter pour les satisfaire !